Ibrahim Qashoush
EAN13
9782377561315
Éditeur
Éditions de L'Ogre
Date de publication
Collection
L'OGRE
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Ibrahim Qashoush

Éditions de L'Ogre

L'Ogre

Indisponible
« C’est simple, le cadre, c’est la Syrie. Un territoire délimité par quelques
traits sur les cartes de géographie, une terre calcaire et aride sur la côte
orientale de la mer Méditerranée. C’est ça. Ce n’est pas une histoire qu’on
pourrait raconter en prenant son élan et en commençant par il était une fois.
On ne peut pas utiliser de formule magique. Peut-être des mots simples. »
Ibrahim Qashoush est l’histoire de la voix qui a soulevé le peuple syrien.
C’est un martyr, une voie, une symphonie guidant le peuple vers la révolte
contre Bachar-El-Assad. Cette révolte, le monde l’a entendue, mais personne ne
l’a véritablement vue : les images d’archives entendent Qashoush mais ne le
montrent pas. Dans son premier roman, Maxime Actis parvient à documenter,
mêlant fiction et réalité, l’histoire de cet homme, symbolique mais inconnue.
Ibrahim Qashoush est un héros, Ibrahim Qashoush est un révolutionnaire,
bientôt Ibrahim Kashoush, tué, devient un martyr. En somme, Ibrahim Kashoush,
c'est la légende des meurtris, des opprimés, des vaincus ; c'est le besoin
viscéral d'inventer un martyre pour déifier la lutte, atténuer la douleur ; il
faut se reposer sur quelque chose de grand pour tolérer une vie qui bascule
dans le cauchemar ; Maxime Actis travaille sur la Syrie depuis le début de la
guerre, il y a plus de dix ans. Ce sujet le hante et, petit à petit, à mesure
qu’il construit son roman, s’ébauche autant de réponses possibles. Il n’est
pas reporter et son récit n’est pas une enquête au sens propre. Il n’est pas
allé en Syrie, il n’a pas rencontré, parlé avec des personnes qui ont connu
Ibrahim Qashoush. Il enquête alors avec les moyens qui sont les notres, avec
les vidéo qui circulent sur Facebook ou Youtube, avec GoogleEarth, avec les
articles, les enquêtes, qui nous entourent en permanence depuis le début de la
guerre en Syrie en 2011. Maxime Actis regarde une guerre qu'on écoute de loin,
en fond, comme une radio : c'est comme si on nous envoyait des images de ce
conflit pour la première fois. Les manifestations, les kidnappings, les
chants, les exactions, c'est tout le tumulte et le tragique de cette guerre
civile qui se réaniment devant nos yeux ; Il réussit la prouesse d'écrire vrai
et sensible depuis sa position – celle d'un poète, celle d'un être humain. Il
écrit ainsi contre l'oubli, ravive les images, même celles de l'horreur, pour
le souvenir et la dignité des disparus, innocents rebelles femmes ou enfants.
Il invente pour nous des personnages tirés de son matériau documentaire,
enquêteurs chacun à leur manière, un reporter, une étudiante, un routard
occidental, qui tous contribuent à tisser un roman intense, haletant,
inquiétant, tragique, et mystérieux. Comment écrire sur la Syrie ? Plus
exactement comment écrire une fiction sur un pays en guerre depuis plus de dix
ans ? Sans tomber dans les pièges redoutables du romantisme, celui qui montre
le beau dans l’horreur, ou dans l’exotisation, celle qui met à distance
l’horreur en la parant de palmier, de désert et de folklore ? Comment l’écrire
sans faire de la poésie, sans se servir de cette histoire pour faire une belle
poésie, sans se laisser emporter dans un lyrisme révolutionnaire ? Maxime
Actis résiste à cette tentation, assèche son écriture, procède par courtes
phrases chocs, reprises, rallongées, asseyant une dimension de facto
implacable et tragique. En usant d'une grande économie de moyens, Maxime Actis
fabrique des images bouleversantes : des herbes folles dans un immeuble
éventré, une inscription au feutre rouge, un bout de figuier... pour un
message déchirant. C'est un véritable regard quand nous n'avions sur cette
guerre qu'un propos journalistique neutre et déshumanisant. Maxime Actis est
né en 1990. Il a mené ces dernières années une existence semi-nomade et
collaboré à quelques revues telles que PLI, Ouste, Ce qui secret, Fuites et
basse_déf. Il écrit très régulièrement sur Internet
(http://jepersonne.tumblr.com). Il publie en 2016 chez Série discrète un
premier ouvrage de poésie Ce sont des apostilles suivi en 2020 d’un recueil
important Les paysages avalent presque tout (Flammarion). Ibrahim Qashoush est
son premier roman Quelques mots de l’auteur : La rédaction du livre a
réellement débuté par la découverte de l’article « The incredible story behind
the Syrian protest singer everyone thought was dead », écrit par James Harkin
et publié par le magazine GQ. Il a été un des fils rouges de l’écriture de ce
livre, documenté depuis mon ordinateur à l’appui de nombreuses sources de
nature et d’origines variées. J’ai suivi, sans savoir où j’allais et sans
méthode donnée, ce qui se déroulait en Syrie, de 2011 à aujourd’hui. Dix ans
après le début du conflit, il m’est impossible de faire une liste exhaustive
des documents m’ayant aidé. Je peux néanmoins citer, parmi les plus vives, le
très riche site-internet « Creative Memory of the Syrian Revolution » crée par
Sana Yazigi et entourée de contributrices et contributeurs inconnu·e·s ainsi
que le film documentaire « Homs, chronique d’une révolte », de Talal Derki,
paru en 2014, suivant notamment Abdel Basset Sarout dans les décombres de
certains quartiers de Homs. Mais il y en a beaucoup d’autres, que la mémoire
aura quasiment rendu fiction :des centaines de vidéos YouTube que je n’ai
jamais retrouvé sur internet, des témoignages en Français ou traduits lus sur
Facebook ou Twitter ou directement sur Google Translate, des articles de
journalistes amateur·e·s et professionel·le·s, des blogs militants comme celui
du Rojava Information Center, des sujets laissés sans réponse sur des forums
de nouveaux explorateurs, des articles Wikipédia incomplets, des commentaires
incendiaires pour ou contre la Révolution en cours, des vidéos de chants
d’Abdel Basset Sarout et d’autres, filmés par des smartphones et postés sur
Viméo, des vues point-and-clickées de Google Maps, quelques carnets de voyage,
etc. Certaines sources ont disparu, d’autres sont restées intactes ou, d’une
façon ou d’une autre, ont été oubliées. Je n’imagine pas que ce livre puisse
restituer la complexité de ces événements. Il n’est que ce qui, depuis
l’extérieur, la bordure, j’ai pu en percevoir, en lire, en entendre, en
toucher, essayant dans ce geste fragile de comprendre ce qu’il se passait.
Comme un écho lointain.
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