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Conseillé par Manuel H. (Libraire)18 septembre 2023
Troublant
Une voix romanesque troublée et troublante, dérangée et dérangeante qui interroge dans toutes leurs tensions et leurs contradictions individuelles et collectives les responsabilités, les lâchetés et l'indifférence face au rejet de l'autre.
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Conseillé par Anne-Lise D. (Libraire)12 septembre 2023
Qui sont les naufragés lorsqu'un rafiot de fortune s'abîme en mer et qui en porte la responsabilité ? Une opératrice désabusée, censée coordonner le sauvetage ? La bureaucratie insensible ? La société qui, amorale, envoie en mer des personnes sur des embarcations précaires ? Vincent Delecroix, avec brio et une grande distance, montre que nous sommes, peut-être, tous naufragés.
C'est un roman dur, un roman qui questionne l'humanité ! Un roman à lire absolument ! -
Conseillé par Alex-Mot-à-Mots23 août 2023
le Mal
En refermant ce roman, j’ai ressenti comme un malaise et je me suis longtemps demandé pourquoi.
J’ai à la fois eu de la peine pour le personnage principal à qui la gendarme veut faire endosser la responsabilité du naufrage ; et en même temps je l’ai détesté de ne s’en tenir qu’à son professionnalisme.
Elle explique que le Mal c’est la mer ; je pense plutôt que c’est ce détachement professionnel qui lui a été demandé (et qui nous est aussi demandé dans notre métier) qui est cause du drame. (Un peu, toute proportion gardée, comme Hannah Arendt reprochait son professionnalisme froid à Eichmann).
J’ai trouvé dans ces pages le même système de défense de la part de la narratrice pour ne pas se laisser submerger par l’aspect humain du drame.
J’ai été gênée par la gendarme qui ressemble à la-dite narratrice. L’explication viendra dans la dernière partie du roman.
J’ai aimé que la gendarme cherche dans la vie de la jeune femme une explication à son mensonge, comme un acte-miroir qui pourrait expliquer le drame.
Une lecture qui m’a fait réfléchir et qui ne m’a pas laissé indifférente.
L’image que je retiendrai :
Celle des deux silhouette en fin de roman qui marche sur la plage vers la jeune femme.
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Conseillé par Lucile S.17 août 2023
Les naufrageurs
Ce qui fait tenir le monde, ce qui motive les errements, ceux qui évaluent la gravité d'une situation du haut de leur sémaphore et ceux qui jugent leurs semblables du bas de leur jugement moral. 27 personnes sont mortes noyées dans la Manche un soir de novembre, après 14 appels de détresse lancés au poste de secours français, l'ultime conversation s'achevant par « Si t'entends pas, tu seras pas sauvé. ». Partant de ces faits réels, l'auteur déploie une magistrale œuvre de fiction, centrée autour de l'opératrice, emplie de questionnements tentaculaires traités sans complaisance. Il dégomme ceux qui assènent sens du devoir et empathie depuis leur canapé et rappelle surtout que le naufrage est l'aboutissement d'un parcours révoltant de misère que les hommes n'ont pas empêché. « Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »
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Conseillé par Virginie S. (Libraire)16 août 2023
« Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »
Ce qui fait tenir le monde, ce qui motive les errements, ceux qui évaluent la gravité d'une situation du haut de leur sémaphore et ceux qui jugent leurs semblables du bas de leur jugement moral. 27 personnes sont mortes noyées dans la Manche un soir de novembre, après 14 appels de détresse lancés au poste de secours français, l'ultime conversation s'achevant par « Si t'entends pas, tu seras pas sauvé. ». Partant de ces faits réels, l'auteur déploie une magistrale œuvre de fiction, centrée sur l'opératrice, emplie de questionnements tentaculaires traités sans complaisance. Il rappelle que le naufrage est l'aboutissement d'un parcours révoltant de misère que les hommes n'ont pas empêché. « Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »
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Conseillé par Librairie coiffard (Libraire)14 août 2023
Conseillé par Rémy et Stéphanie
Un avertissement précède le roman : " Ce roman est inspiré d'une histoire réelle, dont la presse s'est fait l'écho. Mais à l'exception des éléments connus et publics de ce fait divers, le texte qui suit est une œuvre de pure fiction."
Ce fait divers dont il est question remonte au 24 novembre 2021 alors que 27 migrants meurent au milieu de la Manche après avoir appelé au secours de très nombreuses fois le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS). Un enregistrement de l'équipe du CROSS cette nuit-là, laisse entendre en aparté, l'opératrice en fonction dire "T'entends pas, tu seras pas sauvé".
Vincent Delecroix s'empare de ce sujet extrêmement sensible et de cette phrase si choquante qui, dans le contexte, peut-être interprétée de plusieurs manières. L'auteur se focalise d'abord sur cette femme, cette opératrice. Il la place dans une salle, face à une capitaine de gendarmerie qui lui ressemble étrangement et cela la perturbe cette jeune opératrice de la Marine Militaire, mère célibataire d'un petite fille de sept ans. Elle s'est présentée volontairement à la gendarmerie de Cherbourg afin de subir ce qui devait être une conversation mais qui prend rapidement la forme d'un interrogatoire.
Vincent Delecroix malmène alors son lecteur, parfois glacé par les propos détachés, dénués d'émotion et d'empathie de cette femme, parfois perturbé par ses remarques ou ses réflexions d'un réalisme pragmatique.
Et puis le chapitre suivant, l'auteur nous embarque à bord du Zodiac au plancher incertain aux côtés de 29 hommes, femmes et enfants, dont une petite fille de sept ans et d'un jeune homme qui appellera à maintes reprises la fameuse opératrice. La majeure partie d'entre eux s'apprêtent à mourir sans le savoir.
Dans un dernier chapitre, on retrouve la jeune femme suspendue par sa hiérarchie. Elle fait une pause, face à la mer, pendant sa séance de footing. Elle est seule avec elle-même.
Est-elle un monstre ? Est-elle la seule coupable ? Où commence le mal ? Où s'arrête l'humanité ? Quelle est la responsabilité collective ?
On ne sort pas indemne de ce premier roman qui a le mérite de mettre les pieds dans le plat et de gratter très fort là où ça fait mal. -
Conseillé par Delphine P. (Libraire)8 août 2023
A paraître le 17 août
Novembre 2021, 27 migrants meurent au large de la Manche.
L'interrogatoire de la garde côte qui n'a pas envoyé les secours nous laisse sans voix.
Ahurissant et interrogateur.