Paco les mains rouges, 1, La grande terre

Fabien Vehlmann, Éric Sagot

Dargaud

  • Conseillé par
    20 octobre 2013

    Chronique

    Publié chez Dargaud, La Grande Terre, premier tome du dyptique Paco Les Mains Rouges, scénarisé par Fabien Vehlmann et dessiné par Eric Sagot, s’ouvre sur une forêt enneigée.

    Un homme y git dans une mare de sang. Un autre, dont le visage est caché par une branche d’arbre, tient un fusil encore fumant.

    L’assassin se nomme Patrick Comasson. Jeune instituteur, il se voit condamné pour le crime qu’il vient de commettre. Sa « gueule d’ange » a mis le doute aux jurés, du moins le croit-il, lui évitant ainsi la guillotine. Mais le soulagement est de courte durée car, si Patrick a sauvé sa tête, il va très vite prendre la mesure de sa peine : perpétuité en Guyane.

    C’est Patrick lui-même qui raconte son histoire de forçat à une fille que l’on ne connait pas encore mais qu’il considère comme sa nouvelle famille.

    D’abord la traversée vers les tropiques, au cours de laquelle Patrick dit Paco fait la connaissance d’ Armand dit la Bouzille, bagnard d’une autre trempe, qui lui tatoue « la mort qui fauche » dans le dos et le prend sous son aile.

    Puis l’arrivée au bagne de St Laurent en Guyane où la violence insoutenable de l’univers carcéral contraint Paco à tuer pour survivre. Devenu « Paco les Mains Rouges », blaze qui impose le respect dans le rang des forçats, l’homme apprend la débrouille et se hisse à une place plus privilégiée que celle de bien d’autres bagnards.

    Quand une crise de palu l’envoie à l’hôpital où il retrouve Armand, Paco voit naître en lui des sentiments jusque-là insoupçonnés. Son calvaire prend alors un nouveau tournant…

    Paco Les Mains Rouges est un roman graphique déroutant. Le dessin épuré couleur sépia et le trait faussement naïf contrastent avec la violence du sujet et le discours sans détour de Paco. Si ce livre nous éclaire sur la condition des bagnards, le sadisme de l’administration pénitentiaire et la déchéance qu’il induit, c’est avant tout l’aventure de Paco qui importe, l’histoire d’un homme qui puise au plus profond de son être la rage de vivre.

    AC.

    Lire la chronique illustrée : http://www.brestenbulle.fr/?p=11427