Temps de livres

http://tempsdelivresdotcom.wordpress.com/

Créée en 2009, cette entreprise propose des interventions et des formations sur la bande dessinée et les littératures de l'imaginaire. Sur le blog, retrouvez notre actualité, ainsi que des chroniques et des rencontres d'auteurs.

Conseillé par
24 janvier 2015

Un voyage gustatif

Franckie Alarcon, gourmand passionné, a passé plusieurs mois dans le laboratoire de Jacques Genin. Celui-ci est un fondeur de chocolat. Pour notre gourmand, c'est l'envers du décor qu'il découvre, mais aussi des sensations nouvelles. Un voyage gourmand, qui l'emmènera jusqu'au Pérou. Soyons francs. Il ne manque qu'une chose à ce livre, c'est l'arôme ou la plaquette de chocolat offerte avec. L'auteur nous montre toutes les explications sur le chocolat, les variations. On nous explique les origines...

Bref, il nous donne envie. Rien qu'à écrire cette chronique, mon palais réclame sa dose de cacao... Franckie Alarcon serait-il sadique ? Les Secrets du Chocolat est une véritable entrée sensitive dans le monde du cacao. En une centaine de pages, l'auteur nous explique tout ce qu'il y a à savoir sur ce produit. Pendant plusieurs mois, Jacques Genin lui a ouvert les portes de son laboratoire. Si ce dernier lui a expliqué plusieurs choses, les employés n'étaient pas en reste. Tout en étant une entreprise, on sent un côté familial. Passion et générosité sont les maîtres mots de cet album... Franckie a même fait un stage, lui qui n'était que consommateur (Jacques Genin fera-t-il un stage de bande dessinée ?). Un livre pédagogique, mais l'auteur se mettant en scène, il n'oublie jamais le lecteur. Chaque page regorge d'anecdote, d'humour, de dégustation. On a envie d'y goûter. Côté graphique, Franckie va à l'essentiel. Pas de fioriture, un trait rapide et sûr. L'ensemble donne un avant-goût sympathique et si on commence à le lire, on craquera forcément sur ce beau-livre. Entre recettes a essayer chez soi, explication et les mésaventures de Franckie chez le fondeur, c'est tout un monde qu'on à plaisir à redécouvrir. Et si Franckie réussit à nous mettre l'eau à la bouche, c'est qu'il est lui-même gourmand. Depuis 2010, il a même une page sur les makis ! Les Secrets du Chocolat vous fera saliver et vous ne verrez plus le cacao de la même façon. Peut-être ce livre changera-t-il votre vie de gourmand ? A lire et à déguster avec générosité.

N'ouvrez jamais les yeux

Calmann-Lévy

20,90
Conseillé par
18 septembre 2014

Un concept intéressant mais...

C'est aujourd'hui. C'est le grand jour. Depuis qu'ils sont nés (il y a quatre ans), Mallorie et ses enfants n'ont jamais quitté la maison. Aujourd'hui ils vont rejoindre, par la rivière, une colonie de rescapés. Si l'un d'entre eux ouvre les yeux, il mourra. Le voyage sera long et difficile.

Difficile de ne pas faire l'amalgame entre Bird Box et La Route de Cormac McCarthy. Un évènement inconnu qui dévaste l'humanité, une "quête" à accomplir, des personnages qu'on désigne mais qu'on ne nomme pas, etc.
Le livre de Josh Malerman n'est pas inintéressant. Le concept est plutôt prometteur : si on ouvre les yeux sur l'extérieur, quelque chose/quelqu'un nous rend fous. Les survivants décident de se calfeutrer chez eux et de porter des protections ophtalmiques (bandeaux, lunettes, etc) dès qu'elles sortent.


Alternant flash-back et présent, le lecteur suivra Mallorie. D'un côté, jeune femme enceinte, de l'autre, maman rigoriste. Elle cherchera un refuge pour sa progéniture. Le récit au présent décrit les difficultés de la famille à se diriger dans une barque, avec les yeux fermés. Ils s'orientent à l'odorat et à l'ouïe. Si elle est un peu longue, cette partie ne manque pas d'intérêt : Où aller, quels sont les obstacles, comment se diriger, etc. La partie racontant l'origine commençait bien : un mal inconnu, l'humanité est obligée de se refermer sur elle-même, l'héroïne trouve un groupe de survivants, etc. Nous sommes bien dans un récit post-apocalyptique, avec ses règles : survie de la société, l'exploration du territoire... Malheureusement, en voulant agrandir le groupe, le rythme de narration ralentit mais l'action se divise, voire se dilue en plusieurs problématiques. On sent que l'auteur a voulu donner une personnalité à chaque personnage, mais en fait, il ne s'attardera que sur la moitié d'entre eux. La psychologie affichée n'est pas des plus fines.
L'élément de peur est présent et bien exploité. On ne sait pas ce qui a dévasté l'humanité, on ne sait pas comment le mal opère. La seule chose à savoir, c'est qu'il ne faut pas regarder à l'extérieur. Seule entorse à ce "règlement", les chiens. D'un côté, ils semblent immunisés, de l'autre non...

Le concept de Bird Box est sympathique, mais l'ensemble est trop long et trop maladroit pour qu'on puisse réellement s'y intéresser. Une gestion plus rigoureuse des personnages aurait été meilleure. L'univers, calqué sur La Route, aurait pu être évité. On espère que le second roman de Josh Malerman sera meilleur.

http://tempsdelivresdotcom.wordpress.com/2014/09/18/bird-box/

le sanctuaire

Atalante

Conseillé par
25 février 2014

A l'abri dans Hideout, les résistants à la Cohérence regardent le monde changer. Un implant, le Lifehook, permet de communiquer instantanément avec le réseau. Un succès planétaire dont la Cohérence peut s'enorgueillir. Face à cette menace grandissante, les résistants décident de frapper. Contrairement à eux, Christopher Kidd pense que ce n'est pas la bonne solution. Face à l'hostilité, il décide de partir pour tenter sa chance : trouver P.O-Man qui doit avoir des informations. De l'Arizona à Londres, en passant par la Bretagne, la course contre l'entité collective continue.

La trilogie Out prend fin et avec elle "l'attaque" d'Andreas Eschbach sur Internet et les réseaux sociaux. Si l'intrigue porte évidemment sur le héros Christopher Kidd, un personnage secondaire va faire son apparition : Brad Wheeler. Celui-ci va "s'opposer" au Lifehook, au point que ses amis le rejettent. Ce n'est que lorsqu'il se sera fait implanter la puce qu'il redeviendra "normal". Une critique de cette hyper-technologie et de la vie virtuelle que l'on mène à travers les réseaux tels que Twitter, Facebook, etc.
Quant à Christopher Kidd, il apprend que l'amour naissant n'est pas facile à gérer. Entre le fait de se déclarer, savoir laisser la liberté à son amie... Des sentiments s'emparent du computer kid. Ceux-ci sont plus difficiles à dénouer que les lignes de code. Si ce troisième tome met fin à l'aventure de Christopher Kidd, elle est effectivement basée sur ses relations avec Serenity Jones. L'intrigue de la Cohérence prenant moins d'importance, au fur et à mesure que les sentiments de Felicity Jones et de Christopher Kidd s'en mêlent. Un changement d'ambiance qui se fait naturellement, mais on regrette l'ambiance tecnho-thriller des premiers tomes. Comme toujours, le côté scientifique est bien renseigné puisque l'auteur ne fait qu'extrapoler les sciences existantes... Et encore, on n'est pas si loin du roman.
Pour l'anecdote, Andreas Eschbach emmène ses héros du côté de la Bretagne, dans le Finistère. Si sa bourgade est issu de son imaginaire, toutes les informations sur l'ambiance qui y règne sont véridiques. Et pour cause, Andreas s'est installé depuis quelques années dans le Finistère, dans une maison qui donne face à l'océan.

Avec cette trilogie (Black Out, Hide Out, Time Out) , l'auteur dénonce Internet tout en montrant qu'il ne faut pas le diaboliser. Tout n'est pas mauvais. Un roman qui s'adresse principalement aux jeunes adultes, cible première de la réalité virtuelle.

Enquêtes, reportages et documentaires en bande dessinée

Futuropolis

Conseillé par
21 octobre 2013

La Revue Dessinée :la chronique

En janvier 2012, 5 auteurs et un journaliste annoncent un projet original. Allier numérique et papier, bande dessinée et reportage, presse et librairie. La Revue Dessinée naît. Septembre 2013, "le bébé" est dans les mains des lecteurs.
Quand la rédaction de La Revue Dessinée annonçait son sommaire : "On trouvera dans la revue aussi bien des chroniques régulières, des récits courts de 20/30/40 pages et des récits à suivre", " Pour ses créateurs, ce sera une revue d'information qui va utiliser le langage de la bande dessinée. Bien qu'exigeant, le magazine est ouvert à tout style graphique, mais il faut que le trait soutienne le fond, y compris dans l'humour.". Qui aurait penser que la revue ressemblerait exactement à ce qui a été dit ? Certainement pas moi.

De moyen format (186 x 242 mm), l'ouvrage est copieux : 230 pages ! Malgré les différences de style, de case, de lettrage, la revue se lit agréablement. Quant au contenu, il est varié ! Ces dernières années, la bande dessinée de reportage a fait une percée, mais si les sujets sont passionnants, on y voit souvent le mauvais côté de l'humanité. Pour les créateurs de La Revue Dessinée, il n'était pas question que les lecteurs aient une dépression nerveuse après avoir refermé l'ouvrage. Ils ont fait mieux que ça. Cette revue d'information touche à tout ! Si les reportages sont présents, plusieurs chroniques viennent s'immiscer dans ce premier numéro. De la musique, de l'anticipation, de l'informatique, du sport, de l'économie, des livres à lire, etc. On s'étonne presque de ne pas trouver la rubrique "courrier du coeur". De l'histoire absurde à l'information évidente (mais qu'on ne voulait pas voir); du voyage au quotidien le plus banal, on retrouve tout cela dans ce premier numéro.

Les reportages offrent différentes longueurs (de 15 à 40 pages) et nous ouvrent sur le monde. Pour les lecteurs les plus curieux (ou technophile), une rubrique " en savoir plus" est mise à disposition à chaque fin d'histoire. On y trouve diverses informations permettant de creuser le sujet.

En fermant ce premier numéro de La Revue Dessinée, j'ai envie d'écrire "mâtin, quel journal", mais la formule est déjà prise. Les auteurs devenus éditeurs ont réussi un pari : sortir un premier numéro papier d'une revue d'information, en bande dessinée. N'oublions pas aussi que le modèle économique proposé est intéressant pour tous les protagonistes. Ce serait dommage de passer à côté d'une belle initiative.

Vents d'Ouest

18,25
Conseillé par
31 juillet 2013

Seduisant !

Une continentale, Soizic, décide d'ouvrir des chambres d'hôtes sur l'île d'Ouessant. Mal vue par les îliens, elle n'a comme amie que la vieille Marie. Malheureusement, celle-ci meurt bientôt, pendue. Elle lègue à Marie ses objets quotidiens. Un héritage pesant dont se serait bien passé Soizic.


Ouessantines, ce sont plusieurs histoires en une. C'est le défi de Soizic qui veut s'installer sur l'île. Têtue, voire bornée, elle n'hésite pas à ruer dans les brancards, quitte à le regretter ensuite, mais jamais elle ne fera marche arrière. Têtue, vous dis-je. Mal acceptée par la plupart des habitants, elle trouvera son salut dans les bras de l'instituteur. C'est aussi l'histoire d'une communauté à part. On est (naît) ouessantin ou pas. Les gens parlent, les secrets sont gardés et certains personnages sont importants : le curé, le notaire, voire l'homme à tout faire. C'est surtout le portrait de femmes. Les hommes étant absent, c'est une société matriarcale qui s'est développée. Ouessant n'est pas fait pour les faibles. De caractère rude, elles se soutiennent.
Ces trois histoires se retrouvent au fil du récit. Sous couvert d'une enquête, Soizic (et le lecteur) découvre ce qui fait la force de l'île, ses particularités aussi. Patrick Weber joue merveilleusement avec les caractères des personnages. Soizic qui essaye d'en savoir plus, les ouessantin(e)s qui ne veulent rien dire et ce cher instituteur qui essaye de tempérer les ardeurs de son amie. Comme il l'écrit en postface, l'auteur a été marqué par Ouessant. Cette histoire le démontre.
Nicoby n'est pas en reste. C'est la deuxième fois qu'il parle de cette île. La première, il se mettait en scène (avec des choux et des moutons). Le trait semi-réaliste, il montre une île tour à tour sauvage, rustique, exotique. Nicoby ne charge pas les décors, on va à l'essentiel. Il permet au lecteur de s'attarder sur certains détails.

Les deux auteurs se sont approprié Ouessant. Ouessantines en est le résultat. Une histoire qui raconte l'île à leurs manières. Pour parfaire notre éducation, un dossier photographique est proposé à la suite du récit. Histoire de continuer le voyage.